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Vivre à Guam

Jour d’élection, ce « show » à l’américaine

Le 3 novembre dernier, des dizaines de milliers de Guamiens sont sortis voter, sans compter les milliers d’autres qui ont voté par la poste ou par anticipation. Ils sont sortis avant tout pour élire leurs représentants locaux, mais aussi pour voter symboliquement pour le prochain président américain. Ce vote sans valeur réelle n’est cependant pas ce qui intéresse vraiment les électeurs de l’île.

La politique américaine, elle leur apparaît d’abord lointaine, parfois déconnectée… Et surtout divertissante. Sur un territoire à peine plus grand que l’île de Montréal, mais 12 fois moins peuplé, les habitants de Guam écoutent plutôt les élections américaines comme on écoute une partie de hockey. Sans sport national ou événements compétitifs majeurs, la joute électorale américaine devient pour eux un véritable spectacle.

Quand on demande à l’éditrice au Pacific Daily Times, Mar-Vic Cagurangan, sport et politique sont synonymes. Celle qui a vécu aux Philippines et qui réside aujourd’hui dans la ville de Tumon à Guam observe l’attitude décontractée des électeurs face au « jeu » des élections américaines.

Un divertissement électoralMar-Vic Cagurangan
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Peter J. Santos, réserviste dans les forces armées américaines, avocat pénaliste et citoyen de Guam depuis toujours, a le même sentiment. Le père de famille de Santa Rita se réjouit de l’ambiance festive qui s’empare de l’île à chaque élection présidentielle, même si cette année, la pandémie de COVID-19 a imposé plus de retenue aux électeurs guamiens.

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Une électrice vote par anticipation à Hagåtña, Guam.

(Crédit photo : David Castro/The Guam Daily Post)

D’ordinaire toutefois, l’atmosphère est chaleureuse, bienveillante. De la nourriture attend normalement les électeurs près des bureaux de vote. Les célébrations sont dignes de banquets. On est loin des tensions, invectives et occasionnelles violences qu’on a pu observer sur le continent tout au long de la campagne présidentielle de 2020 aux États-Unis.

Des élections à saveur de fêtePeter J. Santos
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Ce qui intéresse plus sérieusement les citoyens là-bas, ce sont les élections et enjeux locaux. Peter le dit, le véritable combat lors de ces élections, c’était de voter pour un bon délégué, cette personne élue qui deviendra le porte-parole de Guam au Congrès américain. Selon le militaire de carrière, le but des élections de novembre était clair pour lui : Remplacer le délégué démocrate actuel, Michael San Nicolas, par un délégué plus expérimenté et revendicateur.

Perceptions du délégué Michael San NicolasPeter J. Santos
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C’est en élisant un représentant qui a à cœur les intérêts de Guam que l’île peut se faire entendre par le gouvernement américain, même si elle ne peut pas intervenir dans ses décisions.

Pour en apprendre davantage sur Guam, cliquez sur les points de la carte interactive ou activez le mode plein écran.

Démocrates et Républicains : une seule grande famille

En revanche, la rivalité féroce entre Républicains et Démocrates est un mythe sur l’île. D’autant plus qu’un électeur peut très bien voter pour le démocrate Biden comme président, tout en votant pour un sénateur local républicain.

Il y a assez peu d’importance accordée aux partis politiques à Guam. C’est plus par nécessité et par cohérence avec le bipartisme américain que par réelle conviction que les candidats de Guam s’affilient à un parti ou un autre.

Si à l’occasion il arrive de voir des Guamiens argumenter sur leurs positions politiques, l’affaire ne crée pas de conflit. De toute façon, ici, on n’est pas nécessairement démocrate ou républicain pour la vie. Les allégeances changent au fil des débats et des années.

D’ailleurs, pour le militaire, le lien unique des habitants de Guam tient à leurs valeurs conservatrices et chrétiennes. Pas question de discriminer selon le parti qu’on choisit. Sur le territoire insulaire, on est d’abord des amis, des voisins. « Tu sais, tout le monde se connaît ici à Guam », souligne Peter Santos.

Des allégeances politiques entre conservatrices et libéralesPeter J. Santos
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Le journal The Guam Daily Post proposait un « Guide 2020 des candidats aux élections générals » à ses lecteurs durant les élections. (Crédit photo : The Guam Daily Post)

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Des partisans du Parti démocrate de Guam montrent leur soutien à leur candidat lors d'élections locales en 2018. 
(Crédit photo : Democratic Party of Guam)

Le pouvoir américain, ou la dépendance dure à briser

Malgré cette ambiance décontractée, les enjeux restent élevés pour Guam lors de l’élection du président américain. C’est à Washington justement que se prennent les décisions en matière de défense et de santé par exemple. Deux dossiers qui ont étroitement affecté l’île et ses habitants sous la présidence Trump, en particulier en situation de pandémie.

Le choix de garder les frontières de Guam ouvertes, entre autres, à causer une propagation du coronavirus sur le petit territoire du Pacifique. Les États-Unis, qui comptent le plus grand nombre de cas et de décès liés à la maladie, permettaient toujours en date du 3 novembre à ses ressortissants de voyager sur l’île.

Peter J. Santos ne cache pas sa déception face à une gestion de crise qu’il considère nuisible pour Guam. De son avis, les États-Unis se sont contentés de réparer le tort qu’ils ont eux-mêmes causé.

Les ratés des États-Unis face à la COVID-19 sur GuamPeter J. Santos
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Même son de cloche pour les dépenses militaires et l’immigration professionnelle, dont l’économie de Guam dépend énormément. Le manque de main d’œuvre spécialisée a été mis à mal par les politiques américaines visant à limiter le nombre de visas de travailleurs accordés par le pays. Le développement des infrastructures militaires reste quant à lui au centre des revenus et emplois de l’île, mais rendent difficiles la conservation et l’exploitation des ressources naturelles de Guam.

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C’est au délégué élu de Guam à la Chambre des représentants, le démocrate Michael San Nicolas, qu’incombe la tâche de faire entendre ses préoccupations à Washington. Celui qui a été réélu ce 3 novembre 2020, au grand dam de Peter Santos, devra répondre aux attentes élevées des citoyens qu’il représente.

De son côté, Mar-Vic Cagurangan sent bien qu’autour d’elle, les gens placent beaucoup d’espoir en leur délégué.

Entre espoir et désillusion face aux représentantsMar-Vic Cagurangan
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Une solution pourrait cependant s’offrir à ses citoyens : Devenir un État américain à part entière, voire proclamer son indépendance du reste des États-Unis.

Le porte-avion USS Reagan aux abords de l'île de Guam, près de la base navale. (Crédit photo : Pikrepo)

Rêver d'un État pour Guam

S’il y a bien un sujet qui revient toujours dans les discussions politiques à Guam, c’est celui du statut politique. Faire partie d’un territoire non incorporé ne satisfait pas une bonne tranche de sa population. Si le dossier traîne à cause de désaccords sur la loi encadrant la tenue d’un référendum sur le sujet, des groupes citoyens ne se gênent pas pour faire pression auprès de leurs représentants, a pu remarquer Mar-Vic au cours des dernières élections.

Remettre en question la tutelle américaineMar-Vic Cagurangan
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L’idée de voir Guam devenir le prochain État américain rend donc optimiste. Le projet, pour eux, est bien vivant. Cela mettra un terme aux querelles sur la représentativité de Guam qui n’a ni droit de vote au Sénat, ni droit de vote à la Chambre des Représentants, ni droit de vote contraignant aux élections présidentielles.

C’est ce que pense Peter, qui a bon espoir de voir, un jour, son île devenir un État, au même titre que Hawaï ou la Californie. Un espoir rendu d’autant plus réel grâce à l’arrivée prochaine de Joe Biden à la présidence des États-Unis.

Le statut politique de Guam sous Joe BidenPeter J. Santos
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En attendant, les Guamiens continueront de regarder du coin de l’œil ce qui se passe sur le continent et voter symboliquement dans quatre ans, pour le futur président de la première puissance mondiale. Après tout, ils ont beau venir de Guam, ils restent, malgré eux, Américains.

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Des candidats et membres de parti saluent des automobilistes venus voter le 3 novembre 2020, jour de scrutin.   (Crédit photo : Norman Taruc/The Guam Daily Post)

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